Collectivités
Faire de Nantes une "ville amie des animaux"Accueil des chiens : Nantes peut mieux faire
Nantes dans le ventre mou du palmarès 2023 des "villes où il fait bon vivre avec son chien"
Nantes fait pâle figure dans le classement 30 Millions d’Amis des "villes où il fait bon vivre avec son chien" : en 2023, elle se place à la 24e position sur un total de 42 villes de plus de 100 000 habitants(1).
Cette même année, Lille, Nice et Montpellier occupent les 3 premières places du classement, preuve qu’il est possible de mettre en œuvre une politique accueillante pour les chiens et leurs humains dans les grandes villes.
Lille, un exemple à suivre
Lille, notamment, a fait une grande remontada dans le classement, puisqu’elle arrive en tête en 2023 alors qu’elle était seulement 25e en 2020.
Sa décision de s’engager pour le bien-être animal en créant en 2020 une délégation municipale au bien-être animal (qui inclue l’intégration du chien dans la ville) a tout changé.
Aujourd’hui, Lille affiche des objectifs ambitieux, avec la généralisation des accès aux parcs et jardins pour que chaque chien lillois puisse disposer d’un espace vert dans un rayon de maximum 500 mètres de son domicile, la création de 7 caniparcs aménagés en 2 enclos pour petits et grands chiens, et sur chaque site, la présence une fois par semaine d’associations pour conseiller bénévolement sur l’éducation, le comportement, les besoins des chiens(1).
Molosse & Minus, partenaire de la ville de Nantes
« L'association Molosse & Minus souhaite fédèrer la voix des propriétaires de chiens de la métropole nantaise pour devenir l'interlocuteur privilégié des collectivités et leur partenaire dans la mise en oeuvre des meilleures pratiques en matière d'accueil des chiens en ville.»
Pourquoi
mieux prendre en compte les besoins des chiens et de leurs propriétaires ?
Un facteur d’attractivité pour la ville
Le chien acteur du lien social et de la lutte contre l'isolement
Des bénéfices pour la santé publique
Comment
mieux accueillir les chiens et leurs humains ?
Autoriser l'accès au réseau de transport public
Développer des espaces canins dans tous les quartiers
Soutenir la sensibilisation de tous les publics
Un facteur d’attractivité pour la ville
« La thématique monte, c’est devenu un argument de campagne. Le nôtre était “La ville plus facile à vivre”, y compris avec un animal »(5).
Le chien, membre à part entière de la famille
Il y a aujourd’hui 7,6 millions de chiens en France selon la FACCO (2022)(2) : 1 foyer sur 4 partage sa vie avec un chien, 1 français sur 3 a un chien, et 1 français sur 4 souhaite accueillir un chien à plus ou moins long terme(3).
Longtemps sélectionnés pour leur utilité (la chasse, la garde, la traction, la recherche de personnes, de stupéfiant…), les chiens sont aujourd’hui considérés comme des membres à part entière de la famille par 85% des Français, qu'ils possèdent un chien ou non. Un chiffre qui monte à 94% pour les possesseurs de chiens(3).
Intimité, compagnonnage, confiance, loyauté, dévouement, affection, attention à l’autre, temps et expériences partagées… nous tissons aujourd’hui avec nos chiens un lien qui rassemble tous les ingrédients de l’amitié.
Cet attachement intime des maîtres et maîtresses à leur chien s’affirme encore plus nettement dans les jeunes générations pour qui l’animal est devenu un soutien affectif incontournable. Les critères de bien-être que ces "pet parents" ont pour leur chien sont particulièrement élevés et se reflètent dans le budget de plus en plus important consacré à l’alimentation, aux fournitures, aux produits d’hygiène et de soin, à la garde, au toilettage ou à l’assurance.
Séduire les habitants : label Ville amie des animaux et élus municipaux en charge de la cause animale
Dans le contexte où 76% des propriétaires de chiens en France n'imaginent pas leur vie sans un chien(3), les humains intègrent désormais le bien-être de leur compagnon dans le choix de leur lieu de vie.
Certaines villes l'ont bien compris.
Le conseil régional d’Ile de France a créé en 2020 le label « Ville amie des animaux », pour améliorer le bien-être des animaux de compagnie(4). La présidente de l’Agence des espaces verts d’Ile-de-France explique : « Avec le label, nous avons voulu toucher les maires, recenser les actions, valoriser l’animal, qui crée du lien social, qui est précieux auprès des citoyens fragilisés. »(5)
Les 102 municipalités d’Ile de France labellisées à ce jour multiplient les initiatives : conseils consultatifs et « semaines de l’animal en ville » ; « croquettes solidaires » à collecter en mairie ou à l’école pour les maîtres en difficulté financière ; gardes bénévoles pour qui entre à l’hôpital ; promeneurs de chiens pour ceux qui ne peuvent plus sortir... Puteaux, par exemple, n’a pas compté ses efforts pour satisfaire ces nouveaux habitants de plus en plus souvent propriétaires de chiens : trois parcs canins, des « Wouaf gamelles » accrochées aux fontaines, des croquettes solidaires à l’épicerie sociale, des séances de thérapie par le chien pour les personnes âgées en résidence, une carte à glisser dans le portefeuille qui signale la présence d’un animal seul à la maison en cas d’hospitalisation d’urgence, et un ensemble de festivités, des « canimarches » aux « apéros dogs »…(5)
Si ces villes multiplient les espaces et activités pour les chiens, c’est autant par soucis de bien-être animal que pour séduire leurs humains. Car l’animal de compagnie a acquis une valeur politique. A Boulogne-Billancourt, Emmanuelle Bonnehon, conseillère municipale déléguée à la condition animale, témoigne : « la thématique monte, c’est devenu un argument de campagne. Le nôtre était “La ville plus facile à vivre”, y compris avec un animal ».(5)
La région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur a emboité le pas de l’Ile de France et décerne elle aussi depuis 2022 son label « ville amie des animaux ».
Selon l’observatoire Politique & Animaux de l’association L214, 172 villes de plus de 50 000 habitants ont chargé des élus municipaux de veiller sur le « bien-être », la « condition », la « cause » des chiens et chats depuis les élections municipales de 2020. Paris en tête, toutes les grandes villes y ont consenti. « Les politiques surfent sur un sujet qui met tout le monde d’accord », constate Erwin Goeller, chargé d’affaires publiques pour L214.(5)
Jamais sans mon chien ! Mieux accueillir le toutourisme
Offrir de bonnes conditions d’accueil pour les chiens est important pour les habitants de la ville, mais aussi pour les visiteurs : de plus en plus de vacanciers n’envisagent pas de partir sans leur chien et choisissent leur destination en tenant compte de ses besoins. D'après le baromètre CSA "Les Français et le chien", 8 possesseurs de chiens sur 10 emmènent leur compagnon en vacances(3).
En 2023, Sandrine Maerten, de l’office de tourisme de Troyes témoigne : « Cette année nous avons constaté avec bonheur une explosion du nombre de nos visiteurs accompagnés de leur(s) poilu(s). Ce phénomène n'est pas propre à Troyes, mais à toutes les villes qui sont estampillées du label Toutourisme. Les touristes entrent volontiers dans nos locaux avec leur chien, qui se désaltère à notre Toutou bar pendant qu'ils se renseignent sur les possibilités d'accueil de leur(s) chien(s). Nous sommes heureux de voir cette fréquentation augmenter, car cela prouve que de plus en plus de personnes voyagent avec leurs animaux de compagnie »(6).
Les chiens, particulièrement en ville, occupent désormais une place centrale dans la vie de leurs maîtres et maîtresses qui ne conçoivent plus, ni de vivre sans eux, ni de partir en vacances sans eux.
Les villes qui l'ont compris rivalisent de créativité pour offrir aux habitants et visiteurs les conditions d'un "bien vivre" et "bien voyager" avec son chien.
Dans ce domaine, Nantes a beaucoup à faire pour soutenir son attractivité.
Le chien, champion du lien social et de la lutte contre l'isolement
« Les animaux sont le meilleur réseau social au monde. Vous sortez un chien dans la rue, vous allez sympathiser avec vos voisins, avec les gens dehors… »(7)
Le chien, acteur majeur du lien social pour tous
L'époque veut que l'on adresse peu la parole aux inconnus dans la rue, mais les propriétaires de chiens forment une congrégation à part : ils sont nombreux à témoigner de la manière dont l'arrivée de leur chien a ouvert leur horizon social et multiplié les rencontres de quartier.
C’est que le chien oblige à sortir plusieurs fois par jour et à rester disponible à son environnement : on ne tient pas une laisse les yeux rivés sur son téléphone. Par le biais du chien, la rue devient un lieu d'échanges et de sociabilité, et de véritables communautés se développent autour des copinages entre toutous. La plupart des quartiers nantais ont désormais leur groupe whatsapp, faisant le lien entre les maîtres et maîtresses de chiens pour organiser des parties de jeu, des balades, des apéros, ou s’échanger des conseils et autres bons plans.
Le chien est aussi un catalyseur hors pair de brassage social car pour lui, la classe sociale, la couleur, l’âge, ou l’orientation sexuelle de son interlocuteur importe peu, et le plus souvent, c’est lui qui choisit la compagnie. Nos "poilus" sont ainsi un point de connexion pour des personnes n’appartenant pas aux mêmes cercles, ils permettent de faire des rencontres à l’extérieur de son milieu social et offrent une enrichissante ouverture sur l’autre.
Christophe Blanchard, sociologue et maître-chien, l’observe : « On est tous sur la défensive dans la vie actuelle. Le chien, ça désaxe tout le monde de sa zone de protection. C’est une triangulation, l’acteur neutre de la rencontre… Le vrai réseau social, c’est pas Facebook, c’est le chien ! »(7)
Lutter contre l'isolement des personnes âgées
En milieu urbain, l’isolement social touche tout particulièrement les personnes âgées.
Or il est largement reconnu que la présence d’un animal de compagnie atténue le sentiment de solitude des personnes isolées, qu'elle diminue leur anxiété et leur offre un support émotionnel et affectif essentiel. Prendre soin d'un animal est une manière de faire famille, et assumer la responsabilité d'un être sensible est toujours valorisant.(8)
Lorsque l'animal compagnon est un chien, les sorties quotidiennes imposées sont aussi l'occasion de bouger et de garder des interactions avec tous ces « autres » qu’une promenade canine ne manque jamais de mettre sur le chemin. D'après un sondage Ipsos de mai 2020, près de 7 propriétaires de chiens sur 10 reconnaissent que leur animal les aide à nouer des contacts avec autrui.(9)
. . . et des plus précaires
Le manque cruel de liens affectifs et sociaux concerne aussi la population SDF (près de 300 000 personnes en France selon la fondation Abbé-Pierre, dont près d’un quart ont entre 18 et 29 ans selon l’Insee), pour qui le chien est le plus proche compagnon.
Le sociologue Christophe Blanchard, maître de conférence à l'université Paris 13, a consacré sa thèse au binôme homme-chien qui vit dans les rues(10). Pour une personne sans domicile, la présence d’un chien à ses côtés est souvent le dernier rempart à la désagrégation sociale. Ces compagnons sont de véritables facilitateurs sociaux qui permettent aux plus précaires d’entretenir ponctuellement des contacts avec le reste de la population.
Malheureusement, dans une société peu encline à la prise en compte des animaux, avoir un chien est aussi souvent un frein à la réintégration sociale. C'est ainsi que des associations comme Vétérinaires pour Tous et Gamelles pleines se sont donné pour mission d' "aider l'animal pour aider l'homme".
En ville, les chiens sont de véritables lubrifiants sociaux : qu'il pleuve ou qu'il vente, il faut sortir le chien plusieurs fois par jour. Une fois dehors, ce sont souvent nos bêtes à poils qui provoquent les interactions avec des inconnus, qui deviennent vite des connaissances du quartier, et parfois, au fil des mois, des amis.
Offrir les conditions d'un "bien vivre" avec son chien à Nantes, c'est favoriser le développement de liens et de rencontres au sein de chaque quartier, c'est soutenir le vivre-ensemble, et c'est lutter contre l'isolement de nos aînés et des plus précaires.
Des bénéfices pour la santé publique
« Vivre avec un animal de compagnie permet d’être en meilleure santé, d’avoir un meilleur vieillissement. Cela réduit le risque de crises cardiaques. Un animal de compagnie offre au quotidien un soutien sans faille qui est non jugeant. »
Un lien inter-espèces unique entre chiens et humain
Le chien est le premier animal à avoir été domestiqué par nos ancêtres chasseurs-cueilleurs du paléolithique il y a 15 000 à 35 000 ans, bien longtemps avant que chats et chevaux ne commencent à partager nos vies (il y a 8 000 ans). Ces millénaires de compagnonnage ont favorisé l’émergence d’un lien unique entre chiens et humains qui ont appris à communiquer, à coopérer, à travailler et à vivre ensemble(8).
Il existe entre les chiens et les humains une relation inter-espèce singulière qui, paradoxalement, nous aide à mieux vivre notre humanité : de plus en plus d’expériences et d’études scientifiques montrent que, tant sur le plan physique que mental, les interactions avec les chiens aident, soignent, réparent.
Réduction du stress et amélioration de la santé pour tous
Le stress est l’un des facteurs principaux d’altération de notre état physique, surtout lorsqu’il est chronique. Or il est désormais prouvé que la présence à nos côtés d’un animal de compagnie procure une diminution physiologiquement mesurable de notre niveau de stress, ce qui contribue à améliorer notre santé(11).
Ainsi, diverses études scientifiques ont révélé les bienfaits apportés par la présence des chiens à nos côtés :
- un tiers des patients atteints de fibromyalgie voient leurs douleurs diminuer de façon notable après la visite d’un thérapeute accompagné d’un chien(12) ;
- des hommes chez qui on diagnostique une maladie potentiellement mortelle souffrent moins de dépression lorsqu’ils vivent avec un animal familier(13) ;
- lors d’un examen universitaire, la présence d’un animal fait baisser de façon notable chez les participants la plupart des manifestations physiques liées à l’anxiété(14);
- des adultes souffrant d’hypertension obtiennent de meilleurs résultats par la présence d’un chien familier qu’avec un médicament(15) ;
- ou encore, le taux d’absentéisme pour cause de maladie est plus faible chez les écoliers qui possèdent un animal de compagnie(16).
Selon une étude allemande menée à deux reprises auprès de 9000 personnes sur une durée de 5 ans, les personnes qui vivent avec un animal de compagnie consultent significativement moins leur médecin que la moyenne des Allemands(15).
Une étude australienne menée auprès de 5700 personnes constate que les propriétaires de chiens ont une tension, des taux de triglycérides et de cholestérol beaucoup plus bas que les autres(17).
Une étude anglaise montre que les plus de 65 ans propriétaires d’un chien ont une forme physique équivalente à une personne 10 ans plus jeune(18).
Enfin, une méta-analyse d’études parues entre 1950 et 2019 révèle que les maîtres de chiens ont, toutes causes confondues, un taux de mortalité plus faible de près de 25% par rapport à ceux qui n’en ont pas, avec un abaissement de l’ordre de 30% des maladies cardio-vasculaires(19).
Un rapport économique publié au Royaume-Uni en décembre 2016 a ainsi estimé que la présence des animaux de compagnie permettrait au système de santé de faire une économie annuelle de 10%, soit environ 2,45 milliards de livres par an(20).
Des bienfaits accentués aux âges extrêmes de la vie
Un facteur d'équilibre et d'éveil pour l'enfant
Pour l’enfant, la présence d’un animal de compagnie est un facteur d’équilibre et d’éveil. Le vétérinaire Ange Condoret et le pédopsychiatre Boris Levinson ont montré les premiers que l’animal pouvait être pour l’enfant un confident, un support émotionnel, affectif, cognitif, un modèle relationnel positif avec ses semblables.
Premier partenaire social, l’animal compagnon favorise l’ouverture de l’enfant sur le monde extérieur. Depuis la prise de conscience de son propre corps à travers celui du chien comme modèle anatomique ou physiologique, jusqu’aux progrès de l’expression : « très souvent quand il parle de son animal, il produit un discours plus riche en vocabulaire et mieux construit, des dessins plus riches en personnages et mieux structurés que lorsqu’il s’exprime sur d’autres thèmes », en passant par la valorisation et la responsabilisation de l’enfant induites par la prise en charge de l’animal(21).
Les enfants qui grandissent avec un animal de compagnie s’inscrivent généralement avec plus de sérénité dans l’univers qui les entoure(22). Grâce à cette présence, ils ont davantage confiance en eux, font preuve de plus d’empathie(11) et sont plus facilement en mesure de créer des relations sociales(23). Foncièrement rassurés et réconfortés, ils acquièrent une meilleure estime d’eux-mêmes, ils sont plus consciencieux, plus extravertis, moins craintifs et moins soucieux.
Un support affectif et social pour la personne âgée
A l’autre extrémité de la vie, l’animal de compagnie contribue à combler le vide affectif et social que connaît la vieillesse(21).
Chez la population des personnes âgées, plus susceptible d'être isolée, davantage sujette aux problèmes physiques et particulièrement émotive, un attachement fort avec un animal compagnon protège des problèmes de santé liés au stress et contribue à éviter les dépressions(24) : vivre avec un animal donne des obligations et un but qui améliorent le bien-être général(15).
Ce constat largement reconnu pose la question de l’accès des animaux de compagnie dans les maisons de retraite. Chaque année, 10 000 seniors en perte d'autonomie doivent abandonner leur chien ou leur chat à leur entrée en ehpad(25), perdant ainsi un précieux repère affectif, sans parler de l'angoisse et la culpabilité qui les habitent à la pensée de leur animal abandonné. Les conséquences bénéfiques de la présence d’animaux sont pourtant telles qu’actuellement un établissement sur trois accepte que ses pensionnaires conservent leur animal familier. Plus souvent, des animaux, chiens ou chats, n’appartenant pas en propre aux pensionnaires, sont entretenus dans l’établissement.
La proposition de loi "Bien vieillir", en discussion à l'Assemblée Nationale en mars 2024, prévoit d'autoriser les pensionnaires de tous les ehpad à conserver leur animal de compagnie(26). Si cette mesure est un réel progrès pour les humains, il faudra veiller à ce que les chiens accueillis dans ces établissements bénéficient de conditions de vie adaptées à leurs besoins, notamment en terme de sorties. Dans certains ehpad, si le propriétaire est devenu dépendant, les chiens ne sont sortis que 5 à 15 minutes le matin à 9h puis le soir à 17h : des sorties beaucoup trop courtes pour un chien jeune ou adulte, une plage horaire beaucoup trop longue pour un chien âgé.
Amélioration de l’autonomie physique, cognitive, psychologique ou socioaffective des personnes fragiles
Le rôle essentiel des chiens d'assistance
Il est inutile de rappeler l’aide que fournissent les chiens à des personnes en situation de handicap moteur ou visuel. La maman de Mattéo, 6 ans, atteint d’une maladie génétique rare, explique comment, « pour un enfant polyhandicapé qui dépend de son entourage pour tout, le chien d’éveil est le compagnon idéal pour son bien-être, pour sa vie sociale, pour le développement de sa motricité naturelle. Ce sera son copain, son kiné, son ergo, son ortho. Et puis il aura son pote avec lui sur les genoux et les autres enfants viendront plus facilement le voir. » Au-delà du rôle d’auxiliaire que joue l’animal, un véritable sentiment d’estime de la part du maître se développe dans tous les cas(8).
Correctement guidé, le chien peut exercer un rôle pédagogique, voire thérapeutique. Il permet de mieux structurer les gestes d'une personne qui a des difficultés de coordination, il aide l’enfant hyperactif à se calmer et fixer son attention. Sa présence peut être remarquablement utile dans les cas de difficultés relationnelle : l’intervention du chien aide à établir un contact avec des enfants avec TSA (trouble du spectre autistique ). Pour ceux qui ont la chance d'avoir un chien d’éveil, il leur permet de mieux vivre leur quotidien : il les rassure, dispense affection et réconfort et augmente leur capacité à faire face aux stimuli extérieurs(21).
Développement des pratiques de soin par le contact animalier
Depuis quelques années, un courant de pratiques de soin par le contact animalier s’est développé via diverses expérimentations de terrain portées par des soignants.
En 1998, le Centre Hospitalier Universitaire de Québec-Université Laval a lancé un projet de zoothérapie au sein de son service d’oncologie pédiatrique. La chef du service explique « en oncologie, les enfants ne courent pas à l’hôpital, ils n’ont pas hâte d’avoir la chimio. Mais là, ils avaient hâte de voir le chien, la chimio arrivait en seconde place, ça la faisait oublier, ce qui est magnifique. »(8)
Depuis 2010, une unité de soin cynothérapeutique a été créée à l’hôpital psychiatrique Philippe-Pinel d’Amiens à l’initiative d’un infirmier, William Lambiotte, ex-maître-chien, éducateur-comportementaliste canin et titulaire d’une licence de psychologie. Il accompagne des malades de tous âges, présentant des symptômes allant du trouble léger à la pathologie lourde. Le chien est pour les patients un point d’ancrage, un catalyseur. Sa présence bienveillante et non-jugeante offre un milieu où le patient se sent suffisamment en sécurité pour s’exprimer, entrer en relation, s’identifier à l’animal ou projeter sur lui ses vécus intérieurs.(8)
Plus récemment (2023), le chien Snoopy a intégré l’équipe soignante de l’institut Curie à Paris, pour créer du lien entre patients et soignants. La présence du setter anglais apaise les patients atteints de cancer, ressoude les équipes, suscite les échanges. Ce compagnon aide les patients à oublier les attentes trop longues et les doutes suscités par la maladie. Il permet aussi des échanges entre des pôles de l'organisme qui auparavant ne se fréquentaient pas « Ça fait trente ans que je suis ici, et j’ai rencontré des gens grâce à lui, on se décloisonne. » explique l’infirmière-chercheuse Isabelle Fromantin.(27)
De nombreux programmes de médiation animale
De nombreuses études scientifiques montrent que, tant sur le plan physique que mental, les interactions avec les chiens soignent et réparent les humains. La simple présence d'un chien à ses côtés réduit significativement le stress, et de ce fait, améliore la santé. Toutes causes confondues, les propriétaires de chien ont un taux de mortalité plus faible de 25% par rapport à ceux qui n'en ont pas !
Ces bienfaits sont encore accentués dans l'enfance et dans la vieillesse, particulièrement en milieu urbain : le chien est facteur d'équilibre et d'éveil pour l'enfant qui grandit plus serein. Pour la personne âgée, il est un support affectif et social essentiel.
Quant aux personnes les plus fragiles, handicapées, souffrant de troubles du spectre autistique ou de troubles psychiatriques, le chien améliore leur autonomie et devient un véritable partenaire des soins. De manière plus générale, la présence de chiens dans le parcours de soin contribue à apaiser les patients et à créer du lien avec les soignants et au sein des équipes.
Les chiens prennent soin de nous, c'est notre devoir de prendre soin d'eux en leur offrant un cadre de vie qui réponde à leurs besoins.
Autoriser l'accès des chiens de toute taille au réseau de transports publics
« J’ai vécu avec bonheur à Nantes pendant 9 ans sans voiture. Quand j’ai adopté mon Golden Retriever il y a 2 ans, j’ai réalisé que je ne pouvais plus rendre visite à ma sœur à Sainte-Luce-sur-Loire, ni aller à la gare prendre le train pour visiter mon père sur la côte. J’étais devenue dépendante de la disponibilité de mon entourage possédant une voiture à chaque fois que je devais faire un déplacement au-delà de mon proche quartier. Après un an, je n’ai pas eu d’autre option que d’acheter une voiture alors que je vis en centre-ville, sur l’Ile de Nantes, et j’ai troqué les déplacements que je faisais auparavant en transports par la voiture. Je regrette cette aberration écologique. »
Une mesure écologique : avoir un chien de plus de 6 kg à Nantes condamne à posséder une voiture
L'accès des chiens de toute taille au réseau de transport public est l’attente numéro 1 des propriétaires de chiens de la région nantaise. A l’heure actuelle, se déplacer avec son chien à Nantes pose d’énormes difficultés dès lors qu’il fait plus de 6 kg, en raison de l’interdiction stricte d’accès au réseau Naolib des transports en commun.
Rendre visite à des amis ou de la famille, sortir boire un verre en centre-ville, accéder aux espaces de détente canin ou aux lieux de balade, se rendre à la gare pour partir en vacances, déposer son chien chez un pet-sitter ou encore aller à un rendez-vous vétérinaire, de nombreux déplacements impliquent de trop longues distances pour pouvoir se faire à pied.
La difficulté des déplacements dans Nantes avec un chien pose également problème aux voyageurs et visiteurs, qui n’envisagent plus de nos jours de partir en vacances sans leur chien(3).
Rappelons que les chiens partagent la vie d’un foyer sur quatre, et qu'une large majorité sont des chiens de taille moyenne à grande(3). Or aujourd'hui à Nantes, posséder ce type de chien ne laisse que deux options : renoncer à ses sorties, ou se déplacer en voiture. Autoriser l’accès des chiens de toutes tailles au réseau des transports publics œuvrerait directement à la réduction de la présence de la voiture en ville.
Cette attente très forte des Nantais s'exprime depuis plusieurs années à travers des pétitions, dont certaines ont recueilli des milliers de signatures. 19274 personnes ont par exemple soutenu la pétition lancée en 2017 par Rosenthal sur le site mesopinions.com(29).
Molosse & Minus est déterminé à relayer et porter la voix des propriétaires de chiens auprès des collectivités pour se faire enfin entendre sur cette question essentielle.
SNCF en France, RATP à Paris, TAM à Montpellier, TCL à Lyon, TBM à Bordeaux… d’autres réseaux de grandes villes ont montré que c’était possible
A Paris, le réseau RATP accepte gratuitement depuis 2016 les chiens de toutes tailles dans le métro et le RER, à condition qu’ils soient tenus en laisse et muselés(30).
A Montpellier, tous les chiens sont acceptés gratuitement sur le réseau TAM, tant que le voyage se déroule sereinement pour tous. Les chiens trop grands pour entrer dans un panier doivent être tenus en laisse et muselés(31).
A Lyon, la TCL accepte les chiens de plus de 6 kg tenus en laisse et muselés sur l’ensemble du réseau, après obtention d’une attestation établie auprès de la TCL mentionnant le numéro d’identification de l’animal, et acquittement d’un titre de transport Waf(32).
A Bordeaux, les grands chiens ont accès aux Transports de Bordeaux Métropole s'ils sont en laisse et muselés, avec un titre de transport(33).
Partout en France, la SNCF autorise l’accès à son réseau à tous les animaux domestiques au prix d’un ticket de 7€ par animal et ce, quelle que soit sa taille(34).
Il n'y a pas de difficulté majeure à offrir l'accès aux chiens de toutes tailles au réseau de transport public des grandes villes. La mesure a déjà été éprouvée à de nombreuses reprises.
Pour que la mesure puisse être mise en oeuvre à Nantes, l'association Molosse & Minus souhaite soutenir l'éducation des maîtres et de leurs chiens au port de la muselière et les sensibiliser aux bonnes pratiques pour garantir un partage sans heurt des transports publics.
Molosse & Minus aimerait aussi proposer des ateliers de désensibilisation à destination des personnes phobiques des chiens, animés par des professionnels, avec l'aide des collectivités.
Une cohabitation harmonieuse entre chiens et humains dans les transports est possible.
Lutter contre l’abandon des chiens et l’isolement des humains
L’interdiction d’accès des chiens au réseau de transport public est un facteur d’exclusion pour tous ceux qui n’ont pas accès à la voiture faute de moyens financiers, ou simplement faute du permis de conduire.
Pour ces personnes, le quotidien avec un chien peut vite devenir extrêmement compliqué dans une ville comme Nantes. C’est parfois la porte ouverte à l’abandon, toujours terrible pour le chien. Un passage en refuge, ne serait-ce que quelques semaines, peut laisser un chien traumatisé et créer chez lui des troubles du comportement parfois très longs à résorber.
Pour d'autres, c’est l’isolement social qui tend à s’installer : les rendez-vous amicaux ou familiaux sont déclinés faute de possibilité de s’y rendre avec son chien.
L’accès au réseau de transport public pour les chiens de toute taille serait une action simple et efficace pour lutter contre l’abandon des chiens et l’isolement de leurs humains non motorisés.
Une mesure très attendue, simple et gratuite pour la ville
Le principal frein à la limitation de la circulation automobile est le déficit de maillage du réseaux de transport public, en raison du coût impliqué par la mise en place des infrastructures nécessaires.
Dans une grande agglomération urbaine comme celle de Nantes, une infrastructure étendue, dense et performante est déjà en place.
Il ne s'agit ainsi que d'adapter la réglementation pour que le trafic automobile soit réduit de tous ces propriétaires de chiens qui prennent la voiture malgré eux, alors qu'ils ne demandent qu'à prendre le tram pour aller à la gare ou retrouver des amis en terrasse de café.
Autoriser l’accès des chiens au réseau de transports publics est une mesure simple, gratuite, écologique et de bon sens : elle œuvre à la réduction de la présence de la voiture en ville et permet de lutter contre l'abandon des chiens et l'isolement social des propriétaires.
Cette mesure a déjà été mise en œuvre depuis des années dans de nombreuses villes, y compris la capitale.
Alors à Nantes, c'est pour quand ?
Développer des espaces canins dans tous les quartiers
« Le bien-être des chiens passe par un exercice physique quotidien, la socialisation avec leurs congénères, et la stimulation mentale par l’exploration olfactive. En zone urbaine, ils ont besoin d’espaces sûrs où ils peuvent être laissés en liberté pour jouer, courir et interagir avec leurs congénères de tous âges et toutes tailles. »
Répondre au besoin d'exercice physique des chiens
C'est la première utilité d'un espace canin : permettre aux chiens de s'ébattre en liberté et en sécurité.
Selon la loi sur la protection animale : « tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce »(35). L’activité physique et les jeux comptent précisément parmi ces besoins inhérents à l’espèce canine.
L'exercice physique quotidien est en effet fondamental pour qu'un chien reste en bonne santé physique et mentale(36) : pour être bien dans ses pattes, un chien adulte doit être sorti plusieurs fois par jour, dont au minimum une sortie d'une demi-heure à une heure sans laisse ou avec une longe lui permettant d'explorer et d'évoluer à son rythme. Les chiens privés d'une dépense physique suffisante peuvent développer des problèmes de comportement, comme l'agressivité, l'hyperactivité, la destruction, les aboiements...
Les chiens ont donc absolument besoin d’espaces sûrs où ils peuvent être laissés en liberté pour se dépenser.
En ville, les parcs canins offrent un espace sécurisé pour les jeunes chiens qui n'ont pas encore parfait leur éducation et ne reviennent pas toujours au rappel : c'est la possibilité pour eux d'être lâchés en sécurité, dans un espace urbain par ailleurs hostile (circulation automobile, vélos, trottinettes et autres engins à roulettes) ou rempli de tentations (les restes de nourriture et la forte concentration de copains chiens).
Ces mêmes espaces canins sont aussi une sécurité pour le reste de la population, notamment les enfants et les personnes âgées qui, en l'absence de parc, peuvent être bousculés par un jeune chien fougueux et chuter.
En 2009, Toulouse a créé le tout premier espace canin urbain de France. La ville compte aujourd'hui 34 parcs accessibles ! Le déploiement dense d'espaces canins dans les grandes villes offre aux chiens de tous les quartiers la possibilité de se dépenser chaque jour, à hauteur de leurs besoins.
Favoriser la socialisation des chiens dès le plus jeune âge
Si les chiens se glissent aussi facilement au sein de nos communautés humaines, c'est qu'ils sont comme nous des animaux sociaux. Rencontrer, jouer, communiquer avec des membres de leur espèce est un aspect essentiel à l'équilibre psychique et au bon développement des membres de la confrérie canine.(36)
La socialisation est une étape déterminante du développement des chiots. En interagissant avec leurs congénères dès le plus jeune âge, ils apprennent les codes qui leur permettront par la suite de bien communiquer, réduisant ainsi considérablement le risque de conflits.
La liberté de mouvement du chien (et donc l'absence de laisse) est un paramètre important de ces rencontres sociales canines : l'entrave de la laisse tend à faire monter le sentiment d'insécurité et le stress du chien qui perd sa capacité de fuite en cas de danger, il peut alors se montrer plus défiant et plus agressif.
Au final, avoir des amis, c'est bon pour l'espérance de vie des chiens : une étude américaine portant sur 21 410 chiens a montré que l'augmentation de leurs interactions sociales avec des congénères diminue leur stress et leurs problèmes de santé(37).
Les caniparcs sont des lieux de réunion qui favorisent la socialisations des chiots et les rencontres entre copains-chiens de tous âges.
Un atout pour le développement du "capital social" du quartier
Enfin, les parcs canins constituent de formidables espaces d’échanges, de mixité sociale et de convivialité pour les propriétaires de chiens.
Autour de ce lieu, certaines personnes sans chien s'ouvrent à des interactions canines, favorisant l’éveil des plus jeunes et contribuant à la lutte contre l’isolement des plus âgés et des plus précaires.
Bien penser les espaces canins et sensibiliser leurs usagers
Pour qu'un espace canin soit adopté par les poilus d'un quartier, encore faut-il qu'il réponde à des critères de qualité : une surface suffisante pour courir, un sol qui ne se transforme pas en boue dès les premières pluies, une clôture suffisamment haute pour dissuader les toutous sauterelles, de l'ombre en été, un point d'eau accessible, et idéalement une séparation en deux zones "chiens actifs" et "chiens calmes" quand l'espace le permet.
Il est par ailleurs important que les usagers des parcs soient sensibilisés aux bonnes attitudes à avoir dans ces espaces, comme par exemple prendre l'habitude de rappeler son chien au pied lors de l'entrée dans le parc d'un nouveau-venu afin d'éviter que celui-ci ne soit submergé par un comité d'accueil trop enthousiaste. Les propriétaires des chiens doivent aussi être en mesure de comprendre les codes de communication émis par les chiens en présence, afin d'interrompre les interactions à chaque fois que nécessaire.
L'association Molosse & Minus souhaiterait organiser la présence ponctuelle d'éducateurs dans les parcs pour faire connaître les bonnes attitudes au plus grand nombre. À l'heure où l'éducation canine est profondément en questionnement, créer des espaces sécurisés ou les chiens peuvent évoluer détachés, c'est aussi agir en faveur de l'éducation positive.
Les espaces canins sont une composante essentielle du bien être des chiens en ville.
Le besoin d'exercice physique quotidien des chiens ne peut être entièrement rempli par une balade en laisse. Quant aux interactions sociales indispensables à leur développement psychique, elles nécessitent un lieu où ils peuvent interagir librement, sans l'entrave de la laisse.
Les chiens ont ainsi besoin d'espaces protégés de proximité, où ils peuvent se rendre quotidiennement. Nantes à fait des efforts ces dernières années avec la création d'espaces canins dans plusieurs parcs et jardins. Cette démarche demande à être poursuivie et étendue pour que tous les chiens de la métropole nantaise aient accès à un espace canin à portée de pattes.
Soutenir la sensibilisation des publics
« La sensibilisation des publics est indispensable pour un vivre ensemble harmonieux, qu'il s'agisse d'aspirants adoptants, de propriétaires de chiens ou de personnes qui n'en ont pas, d'enfants ou d'adultes, d'amoureux des chiens, mais aussi de ceux qui en ont peur. »
Sensibilisation pré-adoption
L’adoption d’un chien représente un engagement pour une dizaine d’année au minimum. C’est une décision qui ne peut se prendre à la légère, sur un coup de tête ou un coup de cœur.
Selon l’Observatoire de la protection des carnivores domestiques (OCAD) mis en place en mai 2021 par le ministère de l’agriculture, 200 000 chiens et chats sont pris en charge par les fourrières et les refuges, un nombre qui ne baisse malheureusement pas(38).
L'association Molosse & Minus souhaite, aux côtés des autres acteurs du monde canin, sensibiliser et informer au mieux les aspirants adoptants afin qu’ils soient en mesure de prendre une décision réfléchie, qui intégre toutes les dimensions liées à l’adoption d’une boule de poils : budget à prévoir (alimentation, soins vétérinaires, assurance…), besoins en sorties et en dépense physique, besoins de socialisation, éducation…
Pour assurer le bien-être du futur membre le plus poilu de la famille, le foyer doit être disposé a adapter son rythme de vie afin de prendre en compte les besoins du chien. Alors qu'un chien bien dans ses pattes est vecteur de bien-être pour tous les membres du foyer, un chien malheureux développera des comportements indésirables (comme la destruction en l'absence des maîtres) facteur de stress pour les propriétaires. Comportements qui, dans les cas extrêmes, conduisent parfois à l'abandon.
Sensibilisation des propriétaires de chiens
Education et comportement
L'éducation des chiens, mais aussi de leurs humains, est fondamentale à la construction d'une relation inter-espèce harmonieuse.
Les chiens doivent acquérir dès le plus jeune âge les comportements qui leur permettront de bien s'intégrer dans nos sociétés humaines urbaines.
Ces comportements concernent d'abord la relation et la communication avec son humain : savoir se poser et rester calme quand nécessaire, savoir marcher en laisse sans tirer dans le cas d'une balade en laisse, savoir stopper et/ou revenir au pied de son maître dans le cas d'une balade en libre, et surtout prioriser dans tous les cas la consigne de son maître ou de sa maîtresse sur les nombreux stimuli de l'environnement (nourriture au sol, présence d'autres chiens, de chats, et autres bêtes à poils ou à plumes...).
L'apprentissage des bons comportements concerne aussi la relation avec les autres humains. Avoir un chien révèle que les humains se divisent en deux catégories : celle (très majoritaire) des amoureux des chiens, qui sont aimantés par les canidés qui croisent leur chemin, et celle (très minoritaire) de ceux qui en ont peur. Le chiot, quant à lui, aura tendance à vouloir fraterniser avec tous les bipèdes de rencontre. Lui apprendre à ne pas importuner, ne pas sauter, est essentiel.
Enfin, le chien doit au plus tôt se familiariser avec son environnement urbain, comprendre la différence entre la route et le trottoir, comprendre le danger représenté par les voitures, découvrir tous les engins et sujets en mouvement dans la ville (vélos, trottinettes, skates, joggeurs...) pour résister à son instinct de poursuite, ou encore se familiariser avec les bruits de l'environnement urbain (circulation, travaux, avions, feux d'artifices...), car un défaut de familiarisation peut engendrer des réactions de peur et de fuite dangereuses pour le chien comme pour les sujets évoluant à proximité.
Les humains, de leur côté, doivent apprendre à comprendre leur chien, ses besoins, sa psychologie, afin de construire avec lui une belle relation de compagnonnage. Il s'agit d'adopter les bonnes attitudes, les bons gestes et les bons comportements en présence de son chien. Il s'agit aussi de tenir compte de l'individualité de son chien dans ses méthodes d'éducation(39) (sa race, son sexe, son âge, son caractère, sa sensibilité sensorielle, ses éventuels handicaps, son passé s'il s'agit d'une adoption en refuge...), et savoir lire les signaux exprimant son état émotionnel, pour agir au bon moment (faire cesser une interaction avec un congénère ou un enfant par exemple). A titre d'exemple, peu de propriétaires de chiens savent que le baillement peut être un signal d'inconfort chez le chien. La détection des émotions positives (signes de joie) ou négatives (signes de peur ou de stress) chez le chien est indispensable pour adapter son attitude à chaque fois que nécessaire.
L'association Molosse & Minus souhaite œuvrer à la sensibilisation des propriétaires de chiens sur l'ensemble de ces sujets et orienter les maîtres et maîtresses qui en ressentent le besoin vers les éducateurs et comportementalistes canins de la région, qu'il s'agisse d'éduquer leur chiot, de régler des problèmes de comportement de leur chien adulte, ou d'en apprendre davantage sur le langage des chiens.
Molosse & Minus soutient les professionnels "testés et approuvés" par ses adhérents, qui utilisent les méthodes d'éducation positives basées prioritairement sur la récompense des bons comportements. Au delà de l'intérêt évident de ces méthodes sur le bien-être des chiens, elles ont prouvé leur efficacité sur le long terme et permettent la construction d'un lien fort entre l'humain et son chien(39). A contrario, des études suggèrent que les méthodes négatives d'éducation (comme l'usage de la punition ou d'outils coercitifs) engendrent de l'anxiété chez le chien et augmentent son agressivité, en plus de détériorer la relation entre l'humain et son chien. Un niveau de stress élevé réduit par ailleurs l'aptitude du chien à apprendre et provoque des dysfonctionnement physiologiques (diminution de la réponse immunitaire et troubles gastro-intestinaux)(39).
Port de la muselière
Longtemps considérée comme un outil de torture ou uniquement réservée aux "chiens méchants", la muselière est malheureusement toujours victime de préjugés.
Il existe pourtant de nombreuses situations où le port de la muselière peut s’avérer nécessaire : l'accès aux réseaux des transports publics pour les chiens de plus de 6kg, la détention d'un chien catégorisé, les soins médicaux (un chien blessé peut avoir une réaction de morsure en cas de douleur aigüe, même s'il ne présente aucune agressivité en temps normal), un problème non réglé de réactivité du chien (un chien réactif a des réactions disproportionnées face à certains stimulus : animaux, enfants, cyclistes...), ou encore un problème de gloutonnerie du chien qui consomme tout ce qu'il trouve par terre en balade, parfois en se mettant en danger.
Contrairement aux idées reçues, le port de la muselière n'est pas forcément synonyme de mal-être pour le chien. Tout dépend du choix de la muselière et de l'apprentissage effectué par le chien(40).
Une muselière adaptée ne limite absolument pas le chien : il faut différencier les muselières qui permettent au chien d’aboyer, de boire, d’haleter, de manger, de respirer, à celles qui l’en empêchent(41). Ces dernières peuvent en effet être des instruments de torture dans la mesure où elles privent le chien de deux de ses libertés fondamentales (abreuvement et alimentation d'une part, expression des comportements normaux de l'espèce d'autre part). Si au contraire la muselière est adaptée, il n’y a pas de raison qu’un chien soit sous tension et ait des réactions anormales. La bonne muselière se fait oublier du chien et lui permet de vivre sa vie comme les autres : boire, haleter, courir, jouer.
Le port de la muselière s'apprend, et son apprentissage est vivement conseillé de manière préventive avant une situation d’urgence, afin de ne pas devoir le contraindre. Avec un apprentissage correctement ancré, le chien ne refusera jamais de porter sa muselière, pour peu que celle-ci soit bien adaptée à sa morphologie.
L'association Molosse & Minus souhaite soutenir la dédiabolisation de la muselière et diffuser son apprentissage. Les muselières adaptées à la diversité des morphologies et problématiques des chiens étant trop rares dans les animaleries, Molosse & Minus souhaite également mettre en avant des fabricants de muselières sur-mesure dans la région nantaise et éventuellement partout en France(42).
Propreté de l'espace urbain
La nuisance la plus souvent dénoncée liée à la présence des chiens en ville sont les déjections canines laissées dans l'espace public du fait de l'incivilité de certains propriétaires de chiens. Cette nuisance est la première cause de rejet des chiens de la part des citadins(21).
Nantes a œuvré à réduire le phénomène en installant des distributeurs de sacs en de nombreux lieux de la ville. Il reste cependant beaucoup à faire en terme de sensibilisation et d'éducation des propriétaires de chiens à ce propos.
L'association Molosse & Minus souhaite soutenir les actions de sensibilisation que la ville voudra développer sur ce thème. Les déjections laissées dans l'espace public sont en effet un problème pour tous les citadins : que l'on ait un chien ou non, il est toujours désagréable de croiser des cacas de chiens sur son trajet. Mais au delà du désagrément, les popos abandonnés soucient encore plus les propriétaires de chiens dans la mesure où ils contribuent à la propagation d'agents infectieux et parasitaires nuisibles pour la gente canine. Les chiots sont particulièrement à risque car ils explorent et découvrent le monde avec leur gueule, à un âge où leur système immunitaire n'est pas encore mature.
Ramasser les popos de son chien, c'est penser au bien-être des citadins, mais aussi à celui de tous les autres chiens.
Sensibilisation des non-propriétaires de chiens
Bons comportements
De nombreuses personnes sont habitées par l'envie irrépressible de poser leur main sur la tête des chiens qu'elles croisent. « Oh qu’il est mignon ! » est l’une des phrases les plus entendues par Victoria, gardienne de Bauhaus, un samoyède de 5 ans adopté à la SPA. Bien sûr, il est humain de fondre devant un chien qui ressemble à un ours polaire. Mais lorsque cette phrase est accompagnée de caresses non consenties dix fois par balade, cela peut s’avérer dangereux. Un chien qui aime les caresses peut ne pas apprécier le contact avec les inconnus. Comprendre le langage canin et respecter les signaux d’apaisement émis par le chien est la meilleure manière d'éviter de provoquer un inconfort chez lui, et dans le pire des cas, une morsure .
« Toucher un animal est un privilège qu’il faut mériter, et non un droit. » disait le Dr Ian Dunbar.
« Et si l’on arrêtait de toucher les chiens que l’on croise ? »(43), un article de Canessence, comportementaliste canine, explique ce que les humains devraient observer avant de caresser un chien, ainsi que l’importance du consentement auprès du gardien mais aussi du chien. Contrairement à l'idée que se font beaucoup d'humains persuadés que le chien "n'a pas prévenu" avant une morsure, les chiens communiquent toujours leur inconfort avant de passer à l'acte de mordre : une tête qui se détourne, un bâillement, un grognement, des crocs découverts,... Pour déceler ces signaux et éviter les accidents, encore faut-il les connaître et y être attentif.
L'association Molosse & Minus souhaite être un vecteur d’éducation et de sensibilisation concernant le langage des chiens. Nous souhaitons soutenir l'organisation de conférences sur les codes de communication canine et des formations de prévention aux risques de morsure (PECCRAM : programme d'éducation à la connaissance du chien et au risque d'accident par morsure, officiel et reconnu d'utilité publique par l'éducation nationale) données par des professionnelles du monde canin, pour tous les publics. Les enfants ne sont en effet pas les seuls concernés par un risque de morsure : les parents et autres adultes, qu'ils soient amoureux des chiens ou qu'ils en aient peur, qu'ils possèdent ou non un chien, mais aussi les joggeurs et cyclistes devraient tous connaître les codes de communication canine afin de se comporter correctement à l'égard des chiens.
Phobie des chiens : ateliers de désensibilisation
La cynophobie (la peur des chiens), est un véritable handicap dans un monde où l’on ne peut éviter de croiser des chiens dans l’espace public ou dans son entourage amical ou familial.
Sortir se promener ou courir, se rendre chez des amis ou de la famille, provoque des montées de stress chez 5 millions de français en raison de leur peur des chiens.
Pour aider les cynophobiques à vivre leur vie plus sereinement, Molosse & Minus souhaite mettre en place des ateliers de désensibilisation avec l’aide de professionnels et le soutien de la ville de Nantes.
Comprendre le langage canin et être mis en situation avec des chiens préalablement sélectionnés permet de progresser pas à pas, à son rythme, en fonction de ses objectifs et de ses besoins.
L'éducation et la sensibilisation de tous les publics est clef pour une meilleure cohabitation entre chiens et humains et entre les humains entre eux.
L'association Molosse & Minus, accompagné par ses bénévoles, pros et particuliers, souhaite traduire le langage canin au plus grand nombre et démocratiser le respect de tous les toutous. Nous souhaitons ainsi œuvrer à une meilleure compréhension des chiens (leurs besoins, leur langage,...) afin de favoriser le bien-être de tous : celui des chiens, et celui des humains qui les côtoient.
En conclusion
Mieux accueillir les chiens à Nantes : le besoin d'un engagement politique
A quand un véritable engagement politique concernant l’accueil des chiens à Nantes ? La ville souffre d'un défaut d’accessibilité de l’espace public pour les chiens et leurs humain et d'un déficit d'actions de sensibilisation des différents publics.
La population concernée est pourtant importante : 1 foyer sur 4 et 1 français sur 3 vivent avec un chien, considéré comme un membre à part entière de la famille par la quasi totalité d'entre eux. D'autres villes ont ainsi fait de « la ville plus facile à vivre, même avec un animal » leur slogan de campagne. Elles ont rivalisé d'initiatives pour mieux prendre en compte les besoins des chiens et de leurs humains.
Les bienfaits apportés par la présence des chiens en ville, particulièrement en terme de lien social et de santé publique, ne sont malheureusement souvent pas assez perçus par les collectivités.
Parce que 3 propriétaires de chiens sur 4 ne peuvent concevoir leur vie sans eux, Molosse & Minus souhaite faire entendre la voix des chiens, pour que les choses bougent enfin.
Prendre en compte les besoins des chiens dans l'aménagement des espaces et services publics
L’accès des chiens de toute taille aux transports en communs est une mesure extrêmement attendue des nantais, comme en témoigne la popularité des pétitions passées sur cette question. Cette mesure écologique, simple, gratuite, déjà largement éprouvée ailleurs, est perçue comme indispensable par tous les propriétaires de chiens, qu'ils vivent à Nantes ou qu'ils y viennent en vacances.
Créer des espaces canins bien conçus dans tous les quartiers est également nécessaire pour répondre aux besoins fondamentaux de dépense et de socialisation des chiens.
Soutenir les actions de sensibilisation des publics
« L'association Molosse & Minus souhaite fédèrer la voix des propriétaires de chiens de la métropole nantaise pour devenir l'interlocuteur privilégié des collectivités et leur partenaire dans la mise en oeuvre des meilleures pratiques en matière d'accueil des chiens en ville.»
Sources
(1) 30 Millions d'Amis - mai 2023
(2) FACCO (Fédération des fabricants d'aliments pour chiens, chats, oiseaux et autres animaux familiers) "Les chiffres de la population animale" - 2022
(3) Baromêtre CSA "Les français et le chien" - décembre 2021
(4) Région Ile de France - Label "ville amie des animaux"
(5) Le Monde - "Apéros pour chiens, croquettes solidaires, shampouineuses à toutous : comment les villes "3 pattes" cajolent les maîtres" - 23 avril 2023
(6) Site du Label Toutourisme
(7) Le Monde - "La confrérie des promeneurs de chiens : « Le vrai réseau social, c’est pas Facebook, c’est le chien ! »" - 22 avril 2023
(8) Laurence Paoli - "Quand les animaux nous font du bien" - Buchet Chastel - 2022
(9) Ipsos-Observatoire-SantéVet - "Les Français et leurs animaux de compagnie" - Mai 2020
(10) Christophe Blanchard - "Entre Crocs et Kros : analyse sociologique du compagnonage entre l'exclu et son chien" - thèse de doctorat de sociologie - janvier 2013
(11) Mc Connell, Lloyd & Buchanan - "Animals as friends : social psychological implications of human-pet relationships" in The Psychology of friendship - Oxford University Presse - 2017
(12) Treehugger - "Pets are good for your health, and we have the studies to prove it" - 22 décembre 2019
(13) Time - "Science says your pet is good for your mental health" - 6 avril 2017
(14) Santé magazine - "Santé : ces animaux qui nous font du bien" - 9 juillet 2015
(15) Casciotti & Zuckerman - "The benefits of pets for human health" - National center for health research - 2018
(16) McNicholas et al. - "Pet ownership and human health : a brief review of evidence and issues" - British Medical Journal - vol 331 - 2005.
(17) O'Haire - "Companion animals and human health : benefits, challenges, and the road ahead" - Journal of Veterinary Behavior - septembre/octobre 2010.
(18) La Nouvelle République "Animaux de compagnie, leurs bienfaits confirmés !" - 26 septembre 2020.
(19) Kramer, Mehmood, Suen - "Dog ownership and survival : a systematic review and meta-analysis" - Circ Cardiovasc Qual Outcomes - octobre 2019.
(20) Dolling, Bristow, Fuller, Mills, Hall - "Companion Animal Economics : The Economic Impact of Companion Animals in the UK" - CABI - Décembre 2016.
(21) Académie Nationale de Médecine - "Animaux dans la ville et santé publique" - février 2002.
(22) McConnel, Brown, Shoda - "Friends with benefits : on the positive consequences of pet ownership" - Journal of Personality and Social Psychology - 2011.
(23) Lookabaugh Triebenbacher - "Pets as transitional objects : their role in children's emotional development." - Psychological Reports - 1er février 1998.
(24) Garrity, Stalones, Marx, Johnson - "Pet ownership and attachment as supportive factors in the ealth of the elderly." - Anthrozoos - 27 avril 2015.
(25)
(26) Fondation 30 Millions d'Amis - "Animaux dans les Ehpad : le gouvernement apporte son soutien" - 1er mars 2024
(27) Le Monde - "A l'Institut Curie, le chien Snoopy crée du lien entre patients et soignants" - 23 avril 2023.
(28) Le Monde - "Dans le bureau du juge, un chien spécialisé pour assister les victimes dans une affaire de viols en série" - 22 juin 2022.
(29) Site Mesopinions.com - Pétition "Pour que les chiens soient admis dans les bus et les tramways à Nantes" - par Rosenthal - Mai 2017
(30) RATP - Paris - "Puis-je emprunter les transports en commun avec mon chien, mon animal ?"
(31) TAM - Régie des Transports de Montpellier - "Réglement intérieur bus et tramway"
(32) TCL - Transports en Communs Lyonnais - "Les chiens sont-ils autorisés sur le réseau TCL ?"
(33) TBM - Transports de Bordeaux Métropole - "Les animaux sont-ils autorisés sur le réseau TBM ?"
(34) SNCF - "Voyagez avec votre animal domestique"
(35) Code Rural et de la Pêche Maritime - Article L214-1
(36) SPA - Certificat d'engagement et de connaissance chien.
(37) "Social determinants of health and disease in companion dogs: a cohort study from the Dog Aging Project" - Evolution, Medicine and Public Health - 13 Mai 2023.
(38) Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire - "La lutte contre l'abandon des animaux de compagnie" - juin 2023.
(39) Centre national de référence pour le Bien-Etre Animal - "Pratiques et outils d'éducation canine" - 4 juillet 2022.
(40) Psychopaws - "La muselière"
(41) "Quelle muselière pour mon chien ?"
(42) Pattes sauvages - fabricante de muselière sur-mesure proche de Nantes
(43) Canessence - "Et si on arrêtait de carresser tous les chiens qu'on croise ?" - février 2020